Fini le monopole Apple
Une fissure dans l’empire, et après ?
Sylvain Morizet
5/6/20252 min read


Depuis plus de dix ans, Apple règne en maître sur son écosystème. L’App Store, fleuron de son empire, impose aux développeurs une taxe de 30 % sur toutes les transactions effectuées via ses applications. Une rente hégémonique que beaucoup ont longtemps dénoncée, mais qui semblait inattaquable — jusqu’à ce qu’un autre géant, Epic Games, décide de s’y frotter.
Le procès Apple vs. Epic Games, démarré en 2021, semblait à l’époque n’avoir débouché que sur un compromis minimal : Apple s’était engagé à autoriser les développeurs à placer des liens externes pour proposer d’autres systèmes de paiement, échappant (en partie) à la commission royale de l’App Store. Mais voilà : engagement non tenu. Apple a continué à prélever, non plus 30 %, mais 27 %… même sur les transactions échappant à son système interne.
La justice américaine, récemment, a sifflé la fin de la récréation. Apple a été reconnu coupable de pratiques monopolistiques, et cette décision ouvre une brèche pour tous les autres géants — Spotify, Netflix, mais aussi, potentiellement, les futures plateformes émergentes.
L’Europe à la traîne ?
Alors que l’Europe, de son côté, se contente d’amendes spectaculaires (500 millions d’euros récemment), c’est bien la justice américaine qui donne le « la » en matière de régulation effective. Certes, l’Union européenne dispose du Digital Markets Act, censé rééquilibrer le rapport de force avec les big techs, mais dans les faits, on peine encore à voir émerger des alternatives européennes solides.
Ce procès Apple–Epic n’est pas juste une affaire américaine : il signe peut-être le début d’un remodelage global des règles du jeu numérique. Google, Meta, TikTok, X (ex-Twitter) — tous seront à leur tour sous pression, et cela pourrait bouleverser la manière dont les consommateurs accèdent aux services numériques.
Et Apple Music dans tout ça ?
Il est fascinant de constater que ce séisme judiciaire touche indirectement Apple Music, le service de streaming maison. Pourquoi ? Parce que, jusqu’ici, Apple Music bénéficiait d’un avantage compétitif injuste : sur l’App Store, un abonnement à Spotify générait 30 % de commission pour Apple… alors qu’un abonnement Apple Music ne subissait évidemment pas cette ponction interne.
Autrement dit, Apple jouait à la fois l’arbitre et le joueur — une position déloyale, dénoncée à plusieurs reprises par Spotify, mais aussi par les régulateurs européens. Si la décision américaine finit par s’imposer globalement, cela pourrait enfin offrir aux utilisateurs des tarifs plus compétitifs et une vraie liberté de choix. Peut-être verrons-nous, à terme, un rééquilibrage du marché du streaming, où la qualité de l’offre primera sur les contraintes imposées par les magasins d’applications.
Pour conclure
Nous vivons une époque charnière. Loin d’être de simples affaires de gros sous entre géants, ces procès redessinent les contours de l’espace numérique mondial. Pour les créateurs, pour les artistes, pour les développeurs, et bien sûr pour nous, simples utilisateurs, ces batailles légales préfigurent un futur où l’innovation pourrait (enfin) respirer hors des murs fermés des plateformes monopolistiques.
Alors, fin du monopole Apple ? Peut-être pas tout à fait. Mais une chose est sûre : la forteresse a pris ses premiers coups sérieux, et le marché, lui, commence déjà à frémir.
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