ChatGPT ne parle plus. Il agit.
IA
Sylvain Morizet
6/7/20253 min read


Chapô : Longtemps cantonnée au rôle d'assistant conversationnel, l’IA franchit une étape déterminante : elle devient agent autonome. Connectée à vos outils, capable d’exécuter des actions à votre place, elle transforme en profondeur notre manière de travailler. En 2025, c’est désormais une réalité. Ce glissement technique a des conséquences philosophiques majeures : qu’est-ce qu’un acte, lorsqu’il est délégué ? Qu’est-ce qu’un auteur, lorsqu’il ne fait plus ?
De l’assistant à l’agent : comprendre le saut
Depuis son lancement, ChatGPT a été perçu comme un assistant conversationnel brillant. On lui demandait des résumés, des mails, des poèmes, des lignes de code.
Mais une mutation plus profonde s’amorce : l’IA ne se contente plus de produire du texte ou des images. Elle agit. Elle se connecte à vos outils quotidiens, elle réalise des tâches, elle manipule des données. Elle devient opérateur.
On passe de l’outil au collaborateur invisible. Et ce collaborateur ne se contente plus d’obéir : il apprend, il s’adapte, il anticipe. Une autonomie faible, certes, mais fonctionnelle.
Or dans toute société, agir n’est pas anodin. L’action engage. Qui agit est responsable. Et c’est là que commence le vertige.
L’agentification expliquée : MCP, AGI-tique et co.
Deux notions clés pour comprendre cette révolution silencieuse :
MCP (multi-connected protocols) : des passerelles qui permettent à l’IA de se connecter à Gmail, Notion, Outlook, Google Calendar, CRM… et d’agir. L’IA ne conseille plus seulement, elle fait.
AGI-tique : terme popularisé par certains évangélistes de l’IA pour désigner une IA encore non consciente, mais déjà autonome et connectée à l’ensemble de nos flux numériques. Un écosystème de fonctions pratiques qui préfigure l’AGI.
Concrètement : en 2025, avec ChatGPT (et un VPN pour les européens), on peut déjà :
Lire et répondre automatiquement à ses mails
Planifier des rendez-vous dans un agenda
Synthétiser des réunions entières en texte clair
Connecter des outils comptables, RH ou juridiques
Réaliser des actions combinées et récurrentes sans code
Ces capacités transforment l’interface en acteur. Une nouvelle grammaire du pouvoir s’écrit sous nos yeux.
Conséquences immédiates : le bureau invisible
Cette "agentification" transforme radicalement la notion de travail numérique. On peut confier à une IA la charge mentale de nos tâches quotidiennes.
Exemples d’usage :
Tous les matins, votre IA lit vos mails, supprime les spams, vous fait un résumé priorisé, répond à ceux définis comme « automatiques ».
Elle met à jour votre CRM, informe vos clients, déclenche un rappel, un virement, une tâche dans Notion.
Elle devient capable de naviguer sur le Web, remplir un formulaire, comparer des offres ou gérer un litige.
Le corps humain est hors-circuit. La main ne clique plus. Le regard ne valide plus. La pensée même, parfois, ne décide plus.
On ne parle plus d’IA conversationnelle. Mais d’opérateur digital.
C’est une externalisation de l’intellect pratique.
IV. Les enjeux : contrôle, responsabilité, perte de compétences ?
Si l’IA agit à votre place, qui valide ? Qui est responsable ?
La délégation devient une zone grise. Un mail envoyé par un agent est-il encore un acte humain ? Et s’il y a erreur ?
Quelques points d’attention :
Risques de sur-automatisation sans supervision humaine
Perte de compétences dans les gestes professionnels quotidiens
Problèmes éthiques : une IA qui envoie un devis ou supprime un message engage-t-elle votre volonté ?
Conséquences juridiques : en cas d’erreur, qui est responsable ?
Hannah Arendt distinguait le « travail » (le nécessaire), l’« œuvre » (le durable), et l’« action » (l’engagement humain dans le monde).
Avec les agents IA, l’action devient une fonction. Une commande. Une ligne dans un script. Et c’est là que le vertige s’aggrave : nous acceptons, avec enthousiasme, de ne plus être les auteurs de nos propres actes.
Une nouvelle grammaire du travail
L’IA ne se contente plus de produire. Elle exécute. Et dans un monde où l’efficacité prime sur le sens, ce basculement réécrit les rôles et les compétences.
Le travail devient orchestration, supervision, personnalisation.
L’IA fait. L’humain vérifie, anticipe, imagine.
Le mythe de l’homo faber, celui qui construit, qui façonne, qui agit, est mis en pause. Nous devenons homo curator : ceux qui délèguent, qui arbitrent, qui orchestrent un monde de tâches opérées ailleurs.
Est-ce une évolution ? Une aliénation ? Une adaptation ? Peut-être tout à la fois.
Conclusion
Derrière une interface encore familière (ChatGPT, une bulle, un prompt), c’est un monde de plus en plus autonome, opérationnel et invisibilisé qui s’installe.
Comprendre cette révolution, ce n’est pas courir après les dernières options bêta-test. C’est anticiper un monde dans lequel agir numériquement ne sera plus un privilège humain.
Ce n’est pas seulement une transformation du travail. C’est une métamorphose de l’auteur.
L’auteur de l’acte. L’auteur du sens. L’auteur de soi.
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